Voici le projet élaboré par le collectif Imagerie d’avenir et déposée par Philippe Martinez lors de la session du Conseil National de l’Industrie (CNI) et par Franck Perrin au Comité Stratégique de Filière Santé (CSF S)

Le rapport PIPAME1 de 2011 concernant les dispositifs médicaux pointait les faiblesses de la filière des technologies de la santé, principalement l’absence de grande entreprise leader sur le marché français et international, capable de fédérer et d’entraîner l’ensemble des acteurs de la filière, du développement à la production. La situation n’a pas évolué en ce sens : recherche de qualité, Start up innovantes se développent toujours mais profitent peu au tissu industriel français (CSF Santé, 2017). Ces 3 dernières années, la réflexion du CSF et la politique de soutien des pouvoirs publics à la filière se sont très largement recentrées sur l’industrie des médicaments et l’apport du numérique.

Le développement et la production d’équipements sont-elles définitivement abandonnées aux grandes entreprises étrangères qui tentent de saturer le marché avec des machines haut de gamme polyvalente mais très onéreuses, peu agiles, souvent sous exploitées et qui ne s’interconnectent pas si bien avec l’ensemble des structures informatiques du réseau hospitalier.
Si les 2 domaines privilégiés sont effectivement essentiels pour la future économie de la santé et l’organisation des soins médicaux, la France devrait aussi se doter des moyens de reconstruire une industrie forte de fabrication de matériel permettant de fournir aux établissements une nouvelle génération d’équipements répondant directement aux besoins des soignants qu’ils soient hospitaliers, urgentistes ou médecins de proximité. Une production mieux ciblée qui permettrait une meilleure maîtrise de la technique par l’ensemble du personnel soignant et surtout des coûts d’investissement. Enfin, la recherche et l’innovation financées par les fonds publics bénéficieraient de débouchés sur le long terme, aboutissement des structures de transfert mises en place partout dans les organismes.

L’imagerie médicale est au cœur des technologies pour la santé, que ce soit à des fins diagnostiques ou thérapeutiques (« nanothéranostiques » pour les nanotechnologies médicales) et est en pleine reconversion avec le développement du numérique pour miniaturiser les équipements, les rendre portables, connectés, intelligents, pour diminuer les doses de rayonnement sans perte de précision et pour des traitements moins invasifs …Associée à la robotisation, l’IM accompagne le geste des chirurgiens …
Les masses de données générées par ces équipements ont une immense valeur. En effet elles peuvent servir pour la recherche médicale, sont la matière utilisée par l’intelligence artificielle pour arriver à des aides au diagnostic ou favoriser l’échange d’informations entre praticiens. La sécurisation et la propriété de ces données va devenir un élément majeur pour la sécurité des patients et du système de soin. La maitrise du design et de la production du matériel devient nécessaire pour garantir la sécurisation et la propriété de ces données.

Ainsi, ce secteur dans lequel de nombreuses équipes de recherche et de start-up s’illustrent en France, peut occuper une place de choix dans la construction de l’industrie du futur.

Objectifs

  • Faire émerger un ou plusieurs « champions » français des technologies médicales (comme l’imagerie) via par exemple un GIE des technologies de la santé, regroupant des industriels bénéficiant des technologies de pointe nécessaires (y compris des secteurs de la défense, du spatial, de l’électronique et du numérique).
  • Fabriquer des équipements adaptables qui répondent aux besoins réels de l’ensemble des soignants et qui leurs permettent d’exercer pleinement leur métier
  • Baisser le coût d’acquisition et de maintenance des équipements pour les hôpitaux français
  • Garantir la maitrise de la génération des données médicales
  • Offrir des débouchés industriels aux start-up issues de la recherche
  • Venir en soutien aux PME-ETI2 de la filière

Pour remplir les 2 derniers objectifs, il est proposé de créer un Centre technologique appliqué au déploiement de la filière, dédié à la fabricatioan de prototypes (et non le regroupement d’entreprises pour utiliser au mieux les subventions publiques).

Une telle structure serait à la fois un lieu d’expertise scientifique et technologique et un centre de prototypage et de qualification/certifications. Ingénieurs et techniciens sont chargés de concevoir les nouveaux produits, d’optimiser les procédés technologiques nécessaires pour les réaliser et de les tester. En amont « ils questionnent » les chercheurs et en aval sous traitent aux PME la production « des premières séries ». Les soignants, futurs utilisateurs, participent à l’élaboration des cahiers des charges et au suivi des essais.
Ce centre doit donc regrouper les moyens techniques High Tech que les petites entreprises ne peuvent acquérir et servir de lignes pilotes pour de grandes entreprises qui n’ont pas, dans le contexte financier actuel, les moyens d’investir à risque dans de nouvelles stratégies industrielles. Cette interface indispensable entre la recherche et la production pourrait éventuellement s’appuyer sur certaines structures de transfert mises en place ces dernières années dans le paysage de la recherche, par exemple les IRT (Institut de Recherche Technologique).

Son statut juridique devrait relever du droit privé sans but lucratif afin de mettre tous les acteurs sur le même pied d’égalité et rendre la relation interne plus coopérative.

Les budgets de fonctionnement se répartiraient en trois tiers : un tiers public, un tiers comme réponse à des contrats publics de recherche développement, un tiers provenant de contrats industriels. La propriété industrielle appartiendrait à l’entreprise ou l’organisme qui pose le problème. Pour tout prototype conçu par le centre d’innovation lui-même, la propriété intellectuelle resterait propriété du centre en attendant un industriel désirant l’exploiter.

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