Acte I : l’annonce par Thales de son projet d’abandon de l’imagerie médicale rencontre l’opposition résolue des salariés et de leurs organisations syndicales. Une lutte « classique », marquée par des mouvements de grève et des manifestations, un ancrage sur le territoire en direction de la population et des politiques, conduisent la direction à retirer son projet.

Acte II : Si Thales ne se repositionne pas au sein de la filière industrie médicale, l’avenir de l’activité au sein du groupe n’est pas assuré. Ce positionnement sera l’objectif de la CGT. A ce stade cependant, le retrait du projet calme les ardeurs de la lutte. Pourtant, la CGT décide de poursuivre le débat pour transformer l’essai. Il s’agit de maintenir la pression sur l’actionnaire principal du groupe – l’Etat – en multipliant les rencontres dans les ministères et en s’appuyant sur un réseau d’élus (députés, sénateurs). Son ambition est de pérenniser l’activité et l’emploi à Moirans et, au-delà, de mettre en débat la reconquête d’une filière que Thomson a abandonnée avec la vente de la CGR en 1987. Elle met en place un groupe de travail pour approfondir la réflexion sur la filière et nourrir le débat sur les potentialités techniques. Pour la CGT, de nombreux salariés du groupe doivent pouvoir se retrouver dans cette démarche de diversification.

Un plan de communication original

A l’occasion du salon mondial de la radiologie, le 19 octobre 2012, la CGT-Thales distribue le bulletin n° 0 Imagerie d’avenir et annonce la création du site web Imageriedavenir pour permettre un suivi citoyen. L’initiative déclenche immédiatement les foudres de la direction (et hélas ! aussi celles d’un autre syndicat). La CGT n’abandonne pas. Le site vit toujours, avec ses limites, dues pour l’essentiel à la faiblesse des moyens dont dispose le syndicat.

Un lobbying ciblé à l’extérieur

La CGT – qui s’appuie sur l’expertise du groupe de travail qui s’est étoffé et implique des salariés issus des différentes entités du groupe – a cherché à rencontrer les ministères les plus concernés : Redressement productif, Santé… Sans résultat concret. Elle veille dès lors à ce qu’ils soient informés de l’action par différents canaux. En revanche, le ministère de la Recherche qui nous a reçus, confirme nos analyses et l’intérêt de notre démarche. Ce soutien n’est pas à négliger parce que Thales est un grand bénéficiaire du Crédit Impôt Recherche (qu’il faut bien justifier), que les technologies médicales font partie des axes de recherche prioritaires pour l’Etat et que l’activité du domaine en France est portée en majorité par des start-up issues de la recherche.

Nous avons surtout initié une veille active pour identifier toute manifestation touchant l’industrie médicale (salons, manifestations étatiques, …) afin de faire connaître nos arguments et notre site internet. Ainsi, nous avons discuté avec des représentants d’organismes comme l’Inserm et l’Alliance pour les Sciences de la Vie et de la Santé (Aviesan),  des membres du comité  stratégique de filière des industries de santé, des responsables de CHU, des radiologues… Par ce travail, Thales a été réintroduit au rang de partenaire crédible dans la filière, alors que le groupe était totalement absent des réflexions au niveau du plan industriel sur les technologies médicales dont l’imagerie constitue le fer de lance.

Au sein du groupe

Fin 2013, la CGT portait son projet à la direction de la stratégie. Nous proposions de mobiliser l’expertise transverse du groupe et d’explorer le portefeuille technologique en capacité de contribuer à l’activité médicale. La direction confirmait qu’une nouvelle génération de matériel devenait nécessaire à la pérennité de TED Moirans et Trixell et affirmait avoir engagé une réflexion au niveau du groupe. Le 11 juillet 2014 enfin, la direction nous informait que le médical était reconnu comme nouvel axe de croissance !

Cette conclusion positive est sans conteste le fruit de notre action et de la nécessité pour Thales de pallier la diminution des budgets de la Défense. Mais cette première victoire ne marque pas la fin de la démarche. Une nouvelle étape – un Acte III – s’ouvre. Les annonces doivent se concrétiser, les futurs développements doivent s’intégrer à la politique d’anticipation et nous sommes convaincus qu’il est possible d’aller plus loin.

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